Lundi 30 juillet - Kylada, Péloponnèse
Une heure de voiture, 4 heures d’avion, 3 heures de voiture. On connait la rengaine mais ca veut surtout dire qu’on va retrouver le bateau ! Il a hiverné dans la baie de Nidri dans les îles ioniennes et a affronté une tempête de 110 nœuds. Une trentaine de bataux sont tombés de leurs bers, le notre a tenu, ouf !
Seb et son papa l’ont convoyé en mai jusqu’à Kylada dans le Péloponnèse. Je n’étais pas de la partie car je me suis cassée une vertèbre en tombant de cheval en mars. Après 3 jours de boulot intense, le bateau était gréé, caréné, prêt à repartir. Huit jours de navigation intense, en moyenne 25 nœuds de vent et 40 milles par jour, leur a permis de regagner l’est du Péloponnèse en passant par le canal de Corinthe.
Fin juillet, nous arrivons sous un soleil de plomb et un vent violent très chaud. Le bateau nous attendait à quai, hublot ouvert et passerelle installée. On le contemple, ravis de le retrouver. On pose nos affaires et Didier le boatguard nous rejoint. Ca tombe bien, c’est l’heure de l’apéro !
Didier Chessel : Kylada Yacht Service. Gardiennage de bateaux sur bouée. Il est très consciencieux et très sympa en sachant l’apprivoiser ! Les tarifs sont corrects.
Mardi 31 juillet et mercredi 1er août – Kylada
Ah oui c’est vrai, nous sommes à bord ! On reprend nos repères rapidement, on retrouve des objets, des fringues…
La chaleur nous sonne, on n’est plus habitués ! On se rend compte qu’on a vraiment accumulé des choses dont il est temps de se débarrasser, la décision est prise, demain on ouvre tous les coffres… en attendant on va se ballader et profiter de la petite plage.
Mercredi, à peine réveillés, on se lance dans notre grand rangement, on retrouve des bouts de bois, des pièces moteur usées, des tubes inox tordus, des vieilles anodes, etc. La liste est longue !! On gagne quelques centimètres en ligne de flottaison et surement en rapidité ! On testera ça demain… Les pêcheurs d’en face sont ravis, ils se servent et nous offrent en retour du thon frais. Bref, on adore le troc !
Ca nous a pris la journée cette histoire de nettoyage de printemps, on en a profité aussi pour redonner un coup de mastic à l’annexe.
Kylada : une grande baie offre une bonne protection par tout temps. Il y a aussi un quai d’accueil avec de l’eau et de l’électricité.
Jeudi 2 août - Vivaris
Entre appréhension et bonheur nous larguons les amarres. Le meltem souffle gentiment et de façon irrégulière entre 10 et 20 nœuds. Toutes voiles dehors on teste les différentes allures, on avance bien. On se prend même un grain, le vent durcit un peu et je suis obligée de vêtir ma veste de quart. Les gouttes sont fraîches et grosses, je suis trempée ! Seb est abrité par la capote et se marre bien ! La baie de Vivaris est grande et très peu touristique. Il y a quelques bateaux de pêche et des voiliers grecs qui semblent être ici à l’année sur des corps morts. Il y en a d’ailleurs un de disponible, belle manœuvre je n’ai pas perdu la main et Seb non plus !
Nous allons à terre, il y a des grecs attablés les pieds dans l’eau. Nous arrivons chez le marchand de légumes : nous découvrons son stand, puis sa maison entourée de ses champs. Il cultive un tas de truc bio avec sa femme Maria. Lui c’est Mikky et il y a Jo, un copain à lui. Il nous tend un siège, un verre d’eau et un morceau de melon. On parle tant bien que mal mais on arrive à bien se comprendre avec de grands gestes. Il veut absolument nous faire goûter un fruit qu’il cultive, le gojiberry qui aurait des vertus pour tout. Intrigués on le suit, il nous fait monter dans son camions et partons à quelques kilomètres d’ici. C’est un petit fuit rouge qui a l’allure d’une petite bille, une toute petite bille. On se promène dans ses champs, on rencontre ses chevaux, brebis, vaches, poules, etc. Le temps passe, on décide d’aller manger ensemble au resto. Jo nous prête sa moto et Mikky emmène Jo sur la sienne. C’est parti, on rentre à 2h du mat’. L’imprévu c’est bon !
Vivaris : Grande baie bien protégée par tout temps, il y a plusieurs mouillages possibles ou corps morts si disponibilité. Ravitaillement en fruits et légumes, pas de gasoil ni de camping gaz.
Vendredi 3 août – Porto Kheli
On voulait partir de bonne heure mais c’est loupé ! On est un peu enfariné. On va boire un café chez Mikky, et on récupère tous nos légumes qu’on n’avait pas pris la veille…Du coup… On se dit au revoir avant de rejoindre le bateau. On fait la manœuvre de départ et on l’aperçoit s’agiter sur la plage nous faisant de grands signes amicaux ! Il y a une petite brise, on fait nos 15 milles au près, on grille deux bateaux plus grands que nous hehe !
La baie de Kheli et très grande, on opte pour la deuxième crique sur la droite. Bien protégée du vent dominant, on découvre tranquillement les petites plages privées. Les cigales chantent, on se sent bien.
Il y a un couple de suisses dans le mouillage : Sylvestre et Jean-Pierre sur leur PtitVert Ils naviguent depuis une quinzaine d’années en Med et nous donnent un lot de bons plans. On cause bateaux, moteur et hivernage. L’apéro se termine en salade grecque. D’ailleurs un jour Sylvestre a demandé à un ami grec comment couper les tomates dans la salade grecque originelle. Sa réponse a été très pragmatique : « en morceaux » !
Samedi 4 août au lundi 6 août – Dad onboard
8h, on quitte la baie de Kheli pour rejoindre Ermioni où on retrouve Dad qui arrive des Cyclades. Il s’est pris force 6 & 7 pendant 15 jours, il est surexcité !
Ce n’est pas le même cas ici, le vent n’est pas du tout constant et souffle par rafales. On décide d’aller non loin d’Ermioni, à Dokos. La baie est bordée par de l’eau turquoise. Une petite chapelle trône, il y a un âne et une chèvre sous le gros olivier. Une ballade nous offre une vue splendide et on croise quelques chevaux en liberté. Un peu plus loin, une bergerie est gardée par quatre chiens qui défendent bien leur territoire. Le lendemain nous allons au sud d’Hydra. La baie n’est accessible qu’en bateau, le soleil cogne. Des mini ferries déposent quelques touristes enchantés. En début d’aprem l’afflux de touristes nous fait lever l’ancre. Le vent instable nous fait naviguer à toutes les allures et surtout très lentement par moments. On finit par retourner à Dokos après avoir vu une baie pas très glamour au sud d’Ermioni.
Lundi 6 août au mercredi 8 août – Changement d’équipage, Poros
Un petit crochet par Athènes, on récupère Lydia et Henri en voiture de loc. Les vacances commencent ! La route est sinueuse, il n’y a que 170 kilomètres mais on met 3 heures à rejoindre Ermioni. On arrive tard, une bonne nuit s’impose. Le lendemain on retourne à Dokos, Lydia s’amarine et retrouve ses quartiers à l’avant du bateau.
On retouve l’âne, les chèvres et les chiens de l’île, l’eau est toujours aussi accueillante, on retrouve les joies du mouillage.
Mercredi, 8h, nous décidons de rejoindre les Cyclades avec un vent de travers et 47 milles à parcourir. Après une bonne quinzaine de milles le vent s’essouffle et nous décidons de changer de route. Nous allons à Poros. On a bien fait, l’entrée dans la baie est magnifique. Un long canal borde l’allée de tavernes. Il y a de l’animation dans la rue, il y a même un tounage pour un TV show américain sur la cuisine grecque. On voit Henri intéressé qui s’approche, on se marre, c’est sur, il va se faire recruter à la plus grande joie de Lydia ! Allez ça tourne, on sourit, on goûte et on dit que c’est bon ! Lâches que nous sommes, nous nous tordons de rire en les regardant !
Jeudi 9 août – Nisos Kithnos, Fikiadha
On prend les mêmes et on recommence ! On retente une traversée vers l’île de Kithnos. Ce coup ci c’est la bonne, le vent oscille entre force 5 et 6, on avance bien, on grille un bateau plus gros que nous. On lui met même 20 minutes à l’arrivée !
La baie est sauvage, une langue de sable sépare deux criques, c’est vraiment joli mais le meltem souffle tellement fort que tout l’équipage reste en veille et ne profite pas de la baignade. On aura certainement les mêmes conditions dans le reste des Cyclades, mais on sera habitués et moins froussards !
Vendredi 10 août – Nisos Serifos, Livadhi
On petit dej et c’est reparti pour une nav : 25 milles au portant, on fonce entre 6,5 et 7 nœuds parmi les vagues de 2,5 mètres. On espérait mouiller à Koutala mais le fort clapot et les 30 nœuds dans la crique nous donnent pas vraiment envie !
5 milles de plus, le vent passe de 10 à 30 nœuds sans prévenir. On finit par arriver à Livhadi, de fortes rafales nous accueillent mais on trouve un mouillage sans clapot. On s’y reprend à trois fois pour mouiller, les herbes n’accrochent rien du tout ! On admire le petit village en hauteur, enclavé dans la montagne. Ca souffle mais le mouillage est plutôt tranquille, on se fait un festin de rois car on est de moins en moins sur de trouver des mouillages dans lesquels on ne risque pas de partir dans la précipitation !
Samedi 11 août – Nisos Sifnos, Kamares
Force 6, 11 milles, c’est parti. La me rest forte, on est au grand largue, avec un génois à 30%, on avance entre 6 et 7 noeuds. Quelques deferlantes nous éclaboussent et cognent contre la coque. La route est vite faite et on découvre une baie bien plus calme que dehors ! On se met au quai, il est 14h. On se lance dans une journée réparations en tout genre après avoir profité de la plage mais surtout des douches de plage !
Dimanche 12 août – Sifnos, Porto Vathi
De bon matin nous larguons les amarres par un force 4. La mer est belle, les voiles en ciseau nous rejoignons porto Vathi. En plus de l’excellente protection du meltem, l’eau transparente et les petites maisons au pied des montagnes nous fait penser que Porto Vathi est un des meilleurs mouillages de l’île. Nous alternons réparations et baignades pour se rafraîchir. Après un an d’hivernage, le bateau a besoin d’attention.
Lundi 13 août – Antiparos, Despothiko Bay, la baie des pirates !
Une petite baignade avant de lever l’ancre, nous partons au près par force 4/5, la mer est belle, nous avalons les 20 milles en quatre petites heures. Despothiko Bay est un mouillage formé par trois îles et était anciennement un repère de pirates ! Le fond de sable nous offre une tenue impeccable et une eau transparente. Il n’y a pas beaucoup d’habitations, les gens viennent surtout profiter de la petite plage et des deux tavernes.
Mardi 14 août – Ios, Porto Iou
La taverne d’hier soir n’était pas top, l’équipage se lève un peu barbouillé, et plus tard que d’habitude. On repart pour une quinzaine de milles, on part à la voile mais ça ne dure pas ; Le vent fait des siennes, on ne fait qu’affaler et hisser. On finit par arriver à Porto Iou où les fortes rafales nous accueillent. La ville est sympathique, une plage agréable et il y a même une plage nudiste ! On se ravitaille, on fait une lessive, on profite de la vie. La journée passe vite. Le meltem va souffler fort, il faut s’organiser. Il y a un quai où on mouille cul à quai. Il y a de l’eau et de l’elec pour 5 euros si on va à la capitainerie.
Mercredi 14 août – Santorin
Aaah ! On l’attendait cette île ! 20 milles au portant nous attendent pour la rejoindre. Alors qu’on s’apprêtait à partir, un voilier arrive. On attend histoire de leur donner un coup de main. Quelle bonne idée… Leur guindeau ne fonctionne pas, ils ne maîtrisent pas leur bateau, c’est la panique à bord. Ils se font déporter sur nous et manque de justesse de nous entraver à trois reprises. Allez il est temps de se casser rapidement.
Santorin est en forme de croissant de lune, moins désertique que les autres. Il ne reste du volcan que Santorin et 3 ou 4 ilôts. La baie centrale est formée par le cratère du volcan. Il y a une petite île de basalte et de cendres, autant dire que c’est impossible d’aller à terre dans ce coin là ! Les mouillages ne sont pas trop tentants car il y a plein de paquebots mouillés qui gâchent carrément la vue sur Santorin. On continue la route, on croise deux autres mouillages tangueurs, on continue et arrivons finalement au sud de l’île, dans le port de Vlidadha. On entre dans la passe étroite, le fort coup de meltem annoncé en a inquiété plus d’un car le port est bondé. On avance doucement et ….boum ! Envasés nous sommes, le sondeur a réagi un peu tard ! Un bon coup de moteur pour sortir de là, et on se glisse dans une petite place à couple de la digue extérieure entre deux 50 pieds. Il est 19h30, on regarde la météo, on a intérêt à partir demain matin de très bonne heure sinon on se retrouvera coincés pendant 3 / 4 jours ici. C’est décidé, demain on part pour la Crète. Une bonne nuit de sommeil s’impose pour attaquer nos 80 milles au près.
On se tape un petit fou rire en découvrant notre voisin. Un beau bateau en acier, un jeune à bord. Voilà ses cinq potes qui reviennent de la plage, et là, c’est l’inspection générale ! D’une main, l’aspirateur sur le pont et de l’autre, le tuyau d’eau pour leur rincer les pieds. Ca dure plus d’une demi-heure, on n’en revient pas !
